Date de début de publication du BOI : 15/05/2000
Identifiant juridique : 5E66
Références du document :  5E66

CHAPITRE 6 RÉGIME PARTICULIER APPLICABLE DANS LA ZONE FRANCHE DE CORSE

CHAPITRE 6

RÉGIME PARTICULIER APPLICABLE
DANS LA ZONE FRANCHE DE CORSE

TEXTES

CODE GÉNÉRAL DES IMPÔTS

(Législation applicable au 31 mars 1999)

Art. 44 decies. - I. Les contribuables qui exercent ou qui créent des activités en Corse avant le 31 décembre 2001 sont exonérés d'impôt sur le revenu ou d'impôt sur les sociétés à raison des bénéfices réalisés pendant une période de soixante mois décomptée, lorsqu'ils y exercent déjà une activité au 1er janvier 1997 à partir de cette date ou, dans le cas contraire, à partir de la date de leur début d'activité en Corse.

Le bénéfice de l'exonération est réservé aux contribuables exerçant une activité industrielle, commerciale ou artisanale au sens de l'article 34, ou agricole au sens de l'article 63, dans les conditions et limites fixées au présent article. L'exonération s'applique également, dans les mêmes conditions et limites, aux sociétés soumises à l'impôt sur les sociétés exerçant une activité professionnelle non commerciale au sens du 1 de l'article 92, et dont l'effectif des salariés en Corse bénéficiant d'un contrat de travail à durée indéterminée ou d'une durée de trois mois au moins est égal ou supérieur à trois à la clôture de chaque exercice de la période d'application du régime prévu au présent article.

Le contribuable doit disposer en Corse des moyens d'exploitation lui permettant d'y exercer son activité d'une manière autonome.

L'exonération ne s'applique pas :

a. aux contribuables exerçant une activité dans le secteur agricole ou agro-alimentaire à l'exception de ceux placés dans la situation visée au VI. Toutefois, les résultats provenant d'une activité agricole ou agro-alimentaire sont exonérés dans les conditions mentionnées au 1° du IV et au V, lorsque le contribuable peut bénéficier des aides à l'investissement au titre des règlements (CEE) du Conseil n° 866/90, du 29 mars 1990, concernant l'amélioration des conditions de transformation et de commercialisation des produits agricoles ou n° 2328/91, du 15 juillet 1991, concernant l'amélioration de l'efficacité des structures de l'agriculture, ou, sur agrément [Voir les II et III de l'article 344 L de l'annexe III], dans les conditions mentionnées au IV et au V, lorsque les méthodes de production du contribuable sont conformes aux objectifs fixés par l'article 1er du règlement (CEE) du Conseil n° 2078/92, du 30 juin 1992, concernant des méthodes de production agricole compatibles avec les exigences de la protection de l'environnement ainsi que l'entretien de l'espace naturel ;

b. aux contribuables exerçant une activité de gestion ou de location d'immeubles, à l'exception des entreprises implantées en Corse dont les prestations portent exclusivement sur des biens situés en Corse, ou une activité bancaire, financière, d'assurances, de transport ou de distribution d'énergie, de jeux de hasard et d'argent ;

c. aux contribuables exerçant une activité dans l'un des secteurs suivants : industrie charbonnière, sidérurgie, fibres synthétiques, pêche, construction et réparation de navires d'au moins 100 tonnes de jauge brute, construction automobile ;

d. aux contribuables qui créent une activité dans le cadre d'une concentration ou d'une restructuration d'activités préexistantes exercées en Corse ou qui reprennent de telles activités sauf pour la durée restant à courir, si l'activité. reprise est déjà placée sous le régime d'exonération prévu au présent article. Lorsque le contribuable est une société membre d'un groupe fiscal visé à l'article 223 A, le bénéfice exonéré est celui de cette société déterminé dans les conditions prévues aux II et III du présent article et au 4 de l'article 223 I.

Pour l'ensemble des sociétés d'un même groupe, le montant de l'exonération accordée ne peut excéder le montant visé au IX, dans la limite du résultat d'ensemble du groupe.

II. Le bénéfice ouvrant droit à l'exonération au titre d'un exercice ou d'une année d'imposition est celui déclaré selon les modalités prévues aux articles 50-0, 53 A, 72, 74 A ou fixé conformément à l'article 65 A et diminué des produits bruts ci-après qui restent imposables dans les conditions de droit commun :

a produits des actions ou parts de sociétés, résultats de sociétés ou organismes soumis au régime prévu à l'article 8 lorsqu'ils ne proviennent pas d'une activité exercée en Corse, et résultats de cession des titres de ces sociétés ;

b. produits correspondant aux subventions, libéralités et abandons de créances ;

c produits de créances et d'opérations financières pour le montant qui excède le montant des frais financiers engagés au cours du même exercice ou de la même année d'imposition ;

d. produits tirés des droits de la propriété industrielle et commerciale, lorsque ces droits n'ont pas leur origine dans l'activité exercée en Corse ;

e. bénéfices visés au 2° du X.

III. Lorsque le contribuable n'exerce pas l'ensemble de son activité en Corse, le bénéfice ouvrant droit à l'exonération est affecté du rapport entre, d'une part, la somme des éléments d'imposition à la taxe professionnelle définis à l'article 1467, afférents à l'activité exercée en Corse et relatifs à la période d'imposition des bénéfices et, d'autre part, la somme des éléments d'imposition à la taxe professionnelle du contribuable définis au même article pour ladite période. Pour la détermination de ce rapport, la valeur locative des immobilisations passibles d'une taxe foncière est celle déterminée, conformément à l'article 1467, au 1er janvier de l'année au cours de laquelle est clos l'exercice, ou au 1er janvier de l'année d'imposition des bénéfices et, par dérogation aux dispositions du b du 1° de l'article 1467, les salaires afférents à l'activité exercée en Corse sont pris en compte pour 36 % de leur montant.

IV. 1° Pour les entreprises créées après le 1er janvier 1997 et jusqu'au 31 décembre 2001, le bénéfice ainsi calculé est exonéré dans la limite prévue au IX.

2° Pour les contribuables autres que ceux visés au VI, qui exercent leur activité au 1er janvier 1997, ce bénéfice est exonéré, dans les limites prévues au IX et au X :

a. en totalité, si l'effectif employé en Corse est au plus égal à trente salariés ou si le contribuable emploie un effectif au plus égal à cinquante salariés en Corse et qu'il exerce son activité dans l'un des secteurs suivants définis selon la nomenclature d'activités française : construction, commerce, réparations d'automobiles et d'articles domestiques, transports terrestres sous réserve que les contribuables ne disposent pas d'une autorisation d'exercice en dehors de la zone courte des départements de Corse, location sans opérateur, santé et action sociale, services collectifs, sociaux et personnels [Pour les limites des zones courtes, voir les annexes à l'arrêté du 29 mai 1986 (J.O. du 6 juin) modifié par l'arrêté du 17 mars 1997 (J.O. du 3 avril)] ;

b. partiellement, lorsque l'effectif salarié en Corse est supérieur à trente salariés. Le bénéfice est exonéré en proportion de trente salariés dans l'effectif total des salariés employés en Corse. Pour le calcul de cette proportion, le seuil de trente salariés est porté à cinquante s'agissant des entreprises exerçant leur activité dans l'un des secteurs mentionnés au a.

Toutefois :

a. l'exonération ne s'applique pas aux contribuables exerçant une activité de transport aérien ou maritime ;

b. lorsque les contribuables sont autorisés à exercer une activité de transport routier hors de la zone courte des départements de Corse, ils ne sont exonérés qu'à hauteur de la fraction de leur bénéfice, déterminée au moyen d'une comptabilité séparée retraçant les opérations propres à l'activité éligible et appuyée des documents prévus à l'article 53 A, qui provient des prestations réalisées à l'intérieur de ladite zone courte, à la condition que le siège.social ainsi que l'ensemble de l'activité et des moyens d'exploitation soient implantés en Corse [Pour les limites des zones courtes, voir les annexes à l'arrêté du 29 mai 1986 (J.O. du 6 juin) modifié par l'arrêté du 17 mars 1997 (J.O. du 3 avril)].

3° Lorsqu'un contribuable bénéficiant des dispositions du 2° augmente ses effectifs salariés en Corse avant le 31 décembre 2001, les seuils de trente ou cinquante salariés sont relevés à due concurrence.

V. Lorsqu'une augmentation d'effectif est réalisée avant le 31 décembre 2001 en Corse ; le contribuable est exonéré pour une durée de soixante mois décomptée du 1er janvier de l'année ou de la date l'ouverture de l'exercice au cours de laquelle ou duquel est constatée soit la première augmentation d'effectif, soit en cas de création d'activité, la première augmentation d'effectif réalisée après douze mois d'activité. Pour l'application de cette disposition et sans préjudice de celles prévues au IV, le bénéfice, calculé dans les conditions du II et du III, est exonéré en proportion de l'augmentation de l'effectif des salariés employés en Corse, constatée entre le dernier jour de l'exercice ou de l'année d'imposition et le 1er janvier 1997 dans l'effectif total employé en Corse, dans la limite prévue au IX.

VI. Les contribuables répondant aux conditions du I et qui emploient moins de deux cent cinquante salariés sont exonérés sur agrément [Voir les I et III de l'article 344 L de l'annexe III] et dans la limite prévue au IX pour une période de trente-six mois lorsque leur entreprise est en difficulté et qu'elle présente un intérêt économique et social pour la Corse. Une entreprise est considérée comme étant en difficulté lorsqu'elle fait l'objet d'une procédure de redressement judiciaire ou lorsque sa situation financière rend imminente sa cessation d'activité.

VII. Les agréments mentionnés aux I et VI sont délivrés dans les conditions prévues à l'article 1649 nonies. Un contribuable ne peut se prévaloir qu'une fois d'un dispositif sur agrément accordé en application du présent article. La durée totale d'exonération ne peut excéder soixante mois au titre d'un dispositif d'exonération de plein droit et d'un dispositif sur agrément, sous réserve de l'application des dispositions du V.

VIII. L'effectif salarié est apprécié au dernier jour de l'exercice ou de l'année d'imposition en prenant en compte les salariés bénéficiant d'un contrat de travail à durée indéterminée ou d'une durée de trois mois au moins. Les salariés à temps partiel sont pris en compte au prorata de la durée du temps de travail prévue à leur contrat.

IX. En aucun cas, le montant de bénéfice exonéré ne peut excéder 400.000 F par période de douze mois.

X. 1° La fraction des bénéfices exonérée dans les conditions du 2° du IV doit être maintenue dans l'exploitation. Cette condition est remplie si :

a. le compte de l'exploitant individuel n'est pas, pendant la durée d'application du dispositif, inférieur au total des fonds propres investis dans l'entreprise à la clôture du premier exercice d'application du régime, et dès bénéfices exonérés ;

b. pour les sociétés, la fraction exonérée des bénéfices est portée à une réserve spéciale au plus tard le 31 décembre de l'année suivant celle de la réalisation des bénéfices.

Pour l'application du présent 1°, lorsque le contribuable bénéficie à la fois des dispositions du 2° du IV et du V, le bénéfice exonéré est réputé provenir en priorité du bénéfice déterminé en application du V.

2° Les bénéfices qui ne sont pas maintenus dans l'exploitation pour un motif autre que la compensation de pertes sont rapportés au résultat de l'exercice en cours lors de ce prélèvement.

XI. Lorsqu'il répond aux conditions requises pour bénéficier des dispositions de l'un des régimes prévus aux articles 44 sexies, 208 sexies, 208 quater A ou du régime prévu au présent article, le contribuable peut opter pour ce dernier régime ou demander, le cas échéant, l'agrément prévu au I ou au VI, avant le 1er juillet 1997 s'il exerce déjà son activité en Corse ou, dans le cas contraire, dans les six mois suivant celui de la création de son activité. L'option est irrévocable.

XII. Les modalités d'application du présent article sont fixées par décret [Voir les articles 49 Q à 49 T, le c. de l'article 46 quater-0 ZK et le 8 de l'article 46 quater-0 ZL de l'annexe III].

Art. 302 nonies. - Les allégements d'impôt sur le revenu ou d'impôt sur les sociétés prévus aux articles 44 octies, 44 decies, 208 quater A et 208 sexies ne s'appliquent pas lorsqu'une ou des déclarations de chiffre d'affaires se rapportant à l'exercice concerné n'ont pas été souscrites dans les délais et qu'il s'agit de la deuxième omission successive [Ces dispositions s'appliquent aux résultats des exercices clos à compter du 1er mai 1998 et aux déclarations de chiffre d'affaires dont la limite de dépôt est postérieure à cette date].

INTRODUCTION

1L'article 1er de la loi n° 96-1143 du 26 décembre 1996 relative à la zone franche de Corse a institué un régime d'allégement de l'impôt sur les bénéfices des entreprises exerçant certaines activités en Corse au 1er janvier 1997 ou qui y implantent des activités éligibles au dispositif avant le 31 décembre 2001. Sont exonérés, les bénéfices réalisés pendant une période de 60 mois, dans la limite de 400 000 F par période de période de 12 mois.

2L'ensemble du dispositif, codifié à l'article 44 decies du CGI, est commenté dans l'instruction administrative du 22 mai 1997 publiée au BOI 4 A-10-97. Il concerne notamment les entrepreneurs individuels qui relèvent de l'impôt sur le revenu dans la catégorie des bénéfices agricoles ainsi que les structures (GAEC, EARL) exerçant des activités agricoles au sens de l'article 63 du CGI, sous réserve de certaines conditions particulières précisées ci-après.

Les secteurs de l'agro-alimentaire et de l'agriculture 1 sont soumis à des règles particulières selon que les entreprises existent ou non au 1er janvier 1997.

  A. RÉGIME APPLICABLE DE PLEIN DROIT AUX ENTREPRISES ÉLIGIBLES À CERTAINES AIDES COMMUNAUTAIRES

3L'exonération de plein droit des entreprises du secteur agricole et agro-alimentaire est subordonnée à des conditions particulières.

Les activités créées en Corse entre le 1er janvier 1997 et le 31 décembre 2001 ou qui augmentent leur effectif salarié en Corse pendant cette période (cf. BOI 4 A-10-97, n°s 60 et 72 à 88) sont susceptibles de bénéficier du régime de faveur.

Ces entreprises du secteur agricole ou agro-alimentaire doivent pouvoir bénéficier d'aides communautaires prévues par les règlements CEE du Conseil n° 866/90 du 29 mars 1990 ou n° 2328/91 du 15 juillet 1991.

4Aux termes du règlement n° 866/90 du 29 mars 1990 concernant l'amélioration des conditions de transformation et de commercialisation des produits agricoles, le FEOGA (Fonds Européen d'Orientation et de Garantie Agricoles) accorde une aide financière en vue d'encourager les investissements contribuant à favoriser l'émergence de nouveaux débouchés (nouveaux produits, produits de qualité y compris ceux de l'agriculture biologique), à améliorer la qualité, la présentation et le conditionnement des produits ou à encourager le recyclage des déchets.

Les investissements éligibles concernent la construction et l'acquisition de biens immobiliers, de machines et équipements nouveaux y compris informatiques, les frais d'architecte, d'ingénieurs et de consultants.

5Les aides visées par le règlement n° 2328/91 du 15 juillet 1991 concernent l'amélioration de l'efficacité des structures de l'agriculture. Il s'agit notamment d'aides à la protection et l'amélioration de l'environnement, au retrait des terres arables, à l'extensification de la production de produits excédentaires, à la reconversion de la production vers les produits non excédentaires ou d'aides à l'investissement destinés à améliorer qualitativement la production, à diversifier les activités (tourisme, artisanat, fabrication et vente de produits de la ferme...), à réaliser des économies d'énergie.

Il peut s'agir enfin d'aides à la première installation en faveur des jeunes agriculteurs.

6En pratique, l'entreprise devra joindre à la déclaration des résultats de chaque exercice un document établi par les services du Ministre chargé de l'agriculture attestant que l'entreprise est éligible à ces dispositifs d'aides financières.

1   Les activités du secteur agro-alimentaire s'entendent des activités de transformation et de conditionnement de produits agricoles n'ayant encore subi aucune transformation.